Nous apprenons dans un article de l’Union de ce 13 juillet qu’une petite agence de publicité a décidé de dénoncer le monopole des Pages Jaunes.
David contre Goliath.
D’un coté nous avons Pages Jaunes Groupe, qui réalise un chiffre d’affaire de 1 milliard 200 millions d’euros, coté sur Euronext et détenu par le fond d’investissement KKR.
De l’autre Netcreative Pages Annuaires, une société de Reims à l’effectif de quatre personnes et au capital de 7 600 euros.
L’état des lieux des forces en présence rappel David et Goliath !
Alors, qu’est ce qui motive Hubert Cybard, l’un des dirigeants de Necreative, lui-même ancien commercial des Pages Jaunes ?
« Nous sommes une petite agence de pub. Nous vendons des espaces publicitaires dans les annuaires Pages Jaunes, sauf que la société a un monopole écrasant. En gros, sur un budget pub de 10 000 euros, nous touchons 5 % sur l’annuaire papier et rien sur l’annuaire Internet… En janvier 2010, nous avons reçu un courrier de Pages Jaunes qui indiquait nous supprimer toute rémunération sur Internet… Aujourd’hui, le monopole est écrasant. En attendant, nous, on meurt ! Nous avons décidé de dénoncer cette situation inadmissible ainsi que certaines pratiques commerciales »
En effet, il faut rappeler que Pages Jaunes ne rémunère pas les agences de publicités qui lui achètent des espaces publicitaires pour le compte de leurs clients. Par contre, en application de la Loi Sapin, Pages Jaunes, peut/doit faire une remise au client qui passe par l’intermédiaire d’une agence de publicité pour souscrire à de la publicité sur ses supports.
C’est ainsi que, jusqu’en 2010, Pages Jaunes accordait une remise de 5% sur l’ensemble de la gamme des produits proposés (ce qui est déjà bien faible, les remises dans le secteur, ou plus fréquemment les rémunérations pour apport d’affaire vont habituellement de 10 à 30 %) . Or, en 2010 Pages Jaunes a supprimé cette remise de 5% pour tous les produits on-line pour la réserver aux seuls produits « annuaire imprimé ». A l’heure où la part de CA généré par le support annuaire imprimé devient minoritaire, et où le développement se fait sur les produits Internet, Pages Jaunes voudrait empêcher les agences de publicité de pouvoir travailler qu’elle ne s’y prendrait pas autrement.
La complexité de l’offre et les outils nécessaires à sa compréhension.
Nous relevons également que la présente plainte, déposée le 4 avril par Me Ludot, a pour objet de demander à la Commission des communautés européennes d’ouvrir « une procédure relative aux comportements de la société Pages Jaunes sur le marché de la fourniture d’informations juridiques, administratives, financières, relatives aux entreprises individuelles et personnes morales ainsi qu’éventuellement à des particuliers ayant un intérêt à personnaliser leurs informations téléphoniques et tous leurs modes de communication ». La procédure vise les « atteintes au droit de la concurrence ».
Je ne sais si c’est une conséquence de cette plainte, toujours est il que les services de Pages Jaunes nous ont contacté il y a une dizaine de jours (comme l’ensemble des agences de pub disposant d’un n° de négociateur Pages Jaunes je suppose) afin de nous informer que, conscient de nos difficultés à calculer le prix de certains produits, Pages Jaunes a décidé d’y apporter une solution en mettant à notre disposition, contre juste rémunération (sic!) le logiciel Sésame grâce auquel nous pourrons, dans les mêmes conditions que la force de vente Pages Jaunes, calculer sans risque d’erreur le prix des produits vendus pour l’édition 2012 ! En effet, l’offre des Pages Jaunes est complexe (en terme d’offre produit, de règles de parutions, de règles de classement et … d’offre tarifaire), tellement complexe que Pages Jaunes convient que sans un logiciel dédié il est très difficile de s’en sortir.
Cette annonce est donc une bonne nouvelle pour les agences (pas de bon ouvrier sans les bons outils !). Néanmoins, les entreprises doivent pouvoir choisir de confier leurs achats d’espace à des agences de publicité, et celles ci doivent pouvoir vivre de leur travail, contre juste rémunération !