J’ai découvert ces derniers jours une campagne d’affichage des Pages Jaunes .
Sans doute dans le but de nous convaincre que le support « papier » du célèbre service d’annuaire a de l’avenir, on nous annonce que 3 Français sur 4 utilisent les annuaires imprimés.
Pour ma part, je pense au contraire qu’il s’agit des premiers soubresauts annonciateurs d’une lente agonie de cet outil en tant que support publicitaire, en tout cas en ce qui concerne les « Pages Blanches ». En effet, en France comme ailleurs, il faut distinguer l’annuaire des particuliers, les « Pages Blanches », et l’annuaire des professionnels, les « Pages Jaunes ».
Quelques infos toutes fraiches :
– Pages Jaunes ne commercialise plus de publicité sur les « Pages Blanches » de Paris et de l’Ile de France.
– Nos voisins belges viennent de décider de ne plus distribuer systématiquement les Pages Blanches. Dans cet article du soir on apprend que « seuls ceux qui en feront la demande expresse recevront encore le bottin papier gratuitement sur le seuil de leur porte. » et surtout que « un projet pilote avait été mené dans neuf communes, où la distribution automatique du bottin a été supprimée au profit d’une demande expresse de l’habitant. Résultat, seuls 3 % de la population ont réclamé la version papier, preuve qu’elle « n’est plus de ce temps », commente M. Van Quickenborne.
Alors 3 Français sur 4 utilisent les annuaires imprimés certes, mais pour faire quoi ? Pour caler l’armoire ? Pour trouver un professionnel connu (je consulte l’annuaire en sachant par avance qui je veux contacter) ou pour trouver un professionnel inconnu (je contact un professionnel que j’ai découvert dans l’annuaire) ?
En 2008, cette même étude qui nous apprend que « 3 français sur 4 utilisent les annuaires imprimés » indique que seulement 4% des consultations des Pages Blanches sont motivées par la recherche d’un professionnel inconnu (27% pour les Pages Jaunes). En conséquence, et compte tenu des tarifs pratiqués, un professionnel misant sur ce support pour conquérir une nouvelle clientèle ne risque pas d’atteindre ces objectifs de retour sur investissement…
Alors, compte tenu :
– de la diminution constante de la pertinence des investissements publicitaires sur les annuaires imprimés.
– de la multiplication des solutions alternatives en ligne (annuaires mais aussi réseaux sociaux ..).
– du développement de l’Internet mobile.
– de la prise de conscience de la nécessité d’intégrer les critères environnementaux dans nos prises de décision (le ministre belge cité ci dessus fait valoir que cette restriction devrait permettre d’épargner chaque année 38.000 arbres et 1.512 tonnes de CO2).
L’avenir des annuaires imprimés s’assombrit de jour en jour. Certains, à l’image de l’annonceur hitta qui donne au célèbre « bottin » l’aspect d’un cercueil, s’en réjouissent.
Ceci étant, certains annonceurs devraient s’en réjouir également. En effet, le jour où leurs concurrents, oubliant qu’un tiers de la population n’a pas accès à Internet, les laisseront seul à capter l’attention des clients dans l’annuaire imprimé, ils pourraient découvrir des retours sur investissement étonnants ! Une stratégie gagnante à la condition de ne pas regarder passer le train du web 2.0 pour autant.